Aperçu historique

Même si aucune indication ne renseigne sur l’existence de Tizi Ouzou à l’époque romaine, tout porte à croire qu’elle constituait un passage obligé des troupes colonisatrices. En témoigne les nombreuses forteresses édifiées aux alentours de l’actuel « col des genêts » et qui avaient pour vocation la protection des militaires romains.
A l’époque ottomane, le port édifié par les Romains à Dellys octroie à celle-ci, non seulement le statut de « ville » mais celui de « capitale économique de Kabylie ». C’est visiblement l’importance des échanges commerciaux qu’elle permettait avec le monde extérieur qui lui confère ce rôle. C’est ce même lieu qui a servi, en 1517, de premier noyau d’implantation pour les turcs. Ils l’utilisèrent ultérieurement afin d’approfondir leur pénétration en la Kabylie.
 
histoire
Carte française datant de 1848, Circa.

C’est au XVIème siècle que les Ottomans entreprirent de pénétrer en Kabylie. A cette époque, devant l’anarchie des campagnes livrées à elle-mêmes, le royaume de Koukou représentait, pour la Kabylie, un semblant de pouvoir central.

A partir de 1640 commençait à se former le premier village de « Amraoua » et ce, dans le sillage des premières apparitions des Ottomans dans la région. Au départ, ils se limitèrent à la création d’un réseau de Bordjs, disséminés le long des voies à travers les points stratégiques de la région : col, entrées de vallées, littoral, à l’exemple des Bordj-Isser, Bordj-Menail, Bordj Tizi Ouzou, Bordj Boghni, Bordj Hamza, etc. Ils furent édifiés dans une optique de domination sur l’entrée Ouest de la Kabylie. Par la suite, la colonie des Amraoua de la vallée de Sébaou était formée. Elle était composée essentiellement de familles d’agriculteurs kabyles. Elle fut consolidée par l’implantation du premier Bordj, le Bordj Sébaou, à proximité du lit du Sébaou entre Tadmait et Sidi Naâmane, ensuite à Tizi Ouzou (Bordj Tizi Ouzou) en 1640, date à laquelle les Ottomans fondèrent un poste de surveillance à Tizi Ouzou qui servait pour le contrôle des déplacements des populations et l’activité économique. A cet effet, un marché, « Souk sebt », animait le piémont du monticule du Bordj. L’important souk (Sebt Amraoua) créé par Ali Khodja à Oued Falli (près de Drâa Ben Khedda) fut transféré à Tizi Ouzou (Sebt El Khodja). Il a été ensuite construite une mosquée puis des habitations autour de celle-là. Pour alimenter le village en eau, on a également construit une fontaine. Ainsi, le caractère stratégique du Col des Genêts n’échappe pas aux Ottomans qui y installaient un poste d’observation au début du XVIIème siècle. Celui-ci est transformé, un siècle plus tard, en une véritable forteresse défensive qui joua le rôle de porte d’entrée de la Kabylie de montagne. Au moment de l’occupation française, les colons trouvent en Tizi Ouzou une place ayant déjà une infrastructure de défense et de contrôle laissés par les Ottomans. A la veille de l’occupation française, à l’emplacement actuel de la ville de Tizi Ouzou, se trouvaient un bordj militaire, un village musulman et à l’extérieur de ce village, à neuf kilomètres de Tizi Ouzou, un important marché hebdomadaire. Ce marché est un des plus importants de la Kabylie. C’est là que se sont toujours faites les transactions commerciales entre cette partie si peuplée de l’Algérie, qui envoie ses olives, ses huiles, ses figues, ses raisins secs, son miel, sa cire, ses peaux, ses lièges et ses bois, à la plaine et au-delà, à la ville (Alger, Constantine) tandis que celle-ci lui fournit ses produits manufacturés et ses céréales en échange. Donc, après le départ des Ottomans, les Français arrivent, à leur tour, aux portes de la Kabylie en 1840. Ils occupèrent d’abord le Bordj ottoman en 1855, en entreprenant des travaux d’agrandissement et de réaménagement, le transformant en fort. On assiste alors à l’arrivée de quelques Européens, venus s’installer à proximité du fort et de l’axe antique, dans des baraquements. Ce nombre a augmenté en quelques mois. En 1857, on dénombre 600 habitants.

Décret de création.
Ils déterminent un parcellaire agricole et un autre urbain. Sur ce dernier, le génie militaire entreprit la réalisation d’un centre civil européen, c’était le village colonial, il prit alors le nom du col : Tizi Ouzou. Après l’insurrection de 1871, il parut nécessaire de consolider les positions des colons Français à l’intérieur de la région la plus peuplée d’Algérie (la Grande Kabylie). Tizi Ouzou, de part sa position topographique, se retrouve toute désignée pour jouer un rôle important dans l’armature territoriale mise en place par la colonisation. C’est ainsi, ce qui n’était qu’une place militaire en 1871, se voit ériger en commune de plein exercice en 1872, en chef lieu de sous préfecture et siège d’un tribunal de 1ère instance en 1873, au détriment de Dellys qui était le seul centre urbain assez important en raison de son port dans la région. Il fut décidé de reconstruire le village européen et de l’agrandir. L’extension s’effectue dans la direction Nord, au détriment du village musulman qui se voit amputé de toute sa partie Sud. Ainsi, Tizi Ouzou perd son caractère villageois rural, du fait de son statut de sous-préfecture et de l’implantation du tribunal. Tizi Ouzou passe de statut de village rural à celui de « ville européenne ». Avec l’insurrection d’El Mokrani (1871), les Amraoua ont incendié le village de fondation coloniale. En réponse, les colons ont détruit la partie Sud du village des Amraoua. Le village de fondation coloniale, s’étend sur les traces de la partie détruite du village des Amraoua, et ceci pour répondre aux besoins des nouveaux habitants et accueillir les différents services administratifs. En effet, une extension est entreprise dans une dynamique de croissance orientée vers le Nord-Est prolongeant la structure du damier original. L’articulation entre le village coloniale et celui des Amraoua est marquée par une voie horizontale qui est le boulevard du Nord ponctué par la mosquée et l’école arabo-française. L’ouverture, en 1888, de la ligne de chemin de fer Alger -Tizi Ouzou fut un événement très important dans le développement économique et un élément générateur dans le développement de la ville dans la direction d’Alger, concrétisant de la sorte l’importance accrue que prenait Tizi Ouzou au dépend de Dellys. En effet, la création de cette ligne a accéléré le développement de Tizi Ouzou qui devient, alors, la « capitale » économique et administrative de la région. Elle se voit alors équipée de plusieurs bâtiments tels que : le palais de justice, la prison… Tizi Ouzou se vit nantie de nouvelles fonctions administratives et commerciales en raison, d’une part, de l’afflux progressif des Européens et, d’autre part, de la densité de l’arrière pays montagneux. En effet, un grand nombre de colons affluèrent et s’établirent le long de cette voie ferrée, Tizi Ouzou deviendra vite un centre commercial et administratif rayonnant sur toute la Grande Kabylie.
 
Tizi Ouzou durant la période coloniale (1959). Ph. : Collection Marcel Lagarde.
La première partie du XXème siècle vit Tizi Ouzou se densifier et s’équiper de nouvelles infrastructures. Ceci dit, les deux guerres mondiales ont considérablement freiné son développement. En 1954, la guerre d’Algérie éclate, la Kabylie est rudement impliquée, Tizi Ouzou, point névralgique, devient la préfecture de la Grande Kabylie, lui concédant, ainsi, plus de moyens dans la gestion et le contrôle de la région. Une série d’équipements se sont réalisés correspondant à son nouveau rôle. En 1956, Tizi Ouzou fut nommé chef-lieu de département. Pendant cette période et avec la politique des terres brûlées, les ruraux commencèrent leur exode vers la ville. De ce fait, les autorités françaises leur ont construit des cités de recasement, des baraquements à l’exemple de la cité Mokadem, cité Carrière. En 1958, ce fut le lancement du Plan de Constantine qui était inclus dans la politique de de Gaulle élaborée vers la fin de l’année 1958 pour une durée de 5 ans. Tizi Ouzou bénéficie du programme du Plan de Constantine et se voit dotée de quelques opérations de développement de petite envergure telles l’habitat, l’éducation, l’artisanat et la formation professionnelle. A l’instar des autres villes d’Algérie, Tizi Ouzou amorce, avec le Plan de Constantine, son premier grand déséquilibre et désarticulation de son tissu. L’éclatement de la ville dans toutes les directions marque une rupture au niveau de la morphologie de la ville. On assiste à la réalisation des premières HLM à Tizi Ouzou : les Genêts, les Fonctionnaires et le Cadi. Les principaux équipements réalisés à cette occasion étaient l’hôpital, l’agence postale, le stade, la préfecture, le commissariat de police, l’école Jean Maire, le trésor…

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